
Rien n’a changé… Tout est à faire…
17 novembre 2018 – 26 mai 2019 : 191 jours de luttes, 191 jours de résistance, 191 jours d’imagination, 191 jours d’espoir… Et nous voilà là. Ce mois de mai est un tournant dans l’opposition radicale à la dictature néolibérale et son manager Macron. Là ou il y à 191 jours, nous avions surgi, surpris, choqué et inquiété ce pouvoir jupitérien que rien ne semblait pouvoir déranger, en deux temps, nous sommes retournés dans les institutions : le 1er mai, le retour des directions syndicales, le 26 mai le retour des directions partisanes. Les deux institutions que nous avions exclues dès le départ et tout au long du mouvement, ont repris l’agenda « politique ». Nous avons échoué. Les gilets jaunes furent l’évènement 2018. Il est l’échec 2019.
Un échec car les élections européennes se sont déroulées sans nous, non pas qu’il aurait fallu se présenter, mais bien parce que le champ du débat n’a pas été perturbé par les « gilets jaunes », à part les opportunistes ayant constitués des listes, nous avons brillé par notre absence. Pire nous avons renforcé un système représentatif et confiscatoire par une participation hors-norme aux Européennes. Aveuglés par la haine anti-Macron nous serons, comme d’habitude, les cocus de l’histoire. Car cette victoire sur Macron est une victoire à la Pyrrhus. Le Front National en tête est encore une défaite pour nous et une victoire pour Macron. Oui, le Front National, car rien n’a changé, tout comme cette LREM qui n’est que l’UMPS 2.0.
Rien n’a changé. Voilà le résultat. Le même duel qu’il y a deux ans ! Le même… Les néo-libéraux progressistes (LREM) contre les libéraux conservateurs (RN). Ils semblent en désaccord sur tout, ils sont surtout complices. LREM a besoin de Le Pen pour passer pour humaniste. RN a besoin de Macron pour se rendre populaire. Pour les deux le même constat : les ressources sont limitées, il va falloir faire encore plus d’effort (temps de travail, retraites, salaires, etc.). Pour les « progressistes », les meilleurs s’en sortiront et feront ruisseler. Pour les conservateurs, la préférence nationale, seuls les « français » y arriveront. Cette opposition est factice. Elle constitue les deux faces de la même pièce du néolibéralisme. La crise s’accentuant, les ultra-riches vont, grâce à ces deux partis symétriques LREM-RN, se maintenir. Le clivage Gauche/Droite désormais inefficient, voici le nouveau ! Macron l’a bien résumé dans son clip de campagne, vous n’avez pas le choix.
Il y a eu néanmoins presque 50% d’abstentionnistes – et bien plus chez la jeunesse – et cette abstention est un problème désespérant pour l’oligarchie et ses défenseurs, conscients ou inconscients. Elle est pour nous synonyme d’espoir, de renouveau et porteuse de solutions. Dénoncer les abstentionnistes comme des imbéciles, individualistes, j’enfoutistes, reviendrait à aboyer avec les loups du système médiatico-politique. Deux tendances s’expriment dans l’abstentionnisme : le rejet et l’exclusion. L’incompréhension de ces débats stériles, remplis de jargonnages, exclut une partie importante de nos concitoyens, qui ne comprennent pas et à juste titre, leur utilité et leur rôle dans ce jeu institutionnel. L’autre partie rejette de manière virulente et consciente cette farce démocratique, qui n’a plus d’effet sur nos vie quotidiennes. Dans les deux cas, ce se sont nos camarades et nous refusons avec eux ce système. Ce refus doit nous obliger à intensifier et organiser une résistance globale, à l’hydre à deux tête : « RASSEMBLEMENT DE LA BOURGOISIE EN MARCHE ». Cette résistance doit pouvoir nous sortir de ce faux dilemme LREM/RN qui devrait nous obliger, pour le premier, à devoir accepter le risque, la précarité potentielle et l’impossibilité de la démocratie pour obtenir le « progrès ». La démocratie, la sécurité et l’autorité promise par le second sera au prix du conservatisme, de la xénophobie et de la soumission totale à un Etat autoritaire.
Les gilets jaunes dans tout cela. Comme nous l’avons dit précédemment, l’événement gilets jaune est terminé. Qu’en reste-t-il ? Une ligne politique, non. Un programme clair, pas du tout. Une organisation, encore moins. N’en reste-t-il rien ? Absolument pas, ce que les gilets jaunes ont produit est indispensable pour notre résistance et nos combats à venir. Son apport ne se situe pas sur le champ des idées politiques mais sur le plan de la méthodologie. Cette capacité d’incarner la colère, de la faire surgir grâce aux réseaux sociaux, dans la rue, sur des rondpoints. De l’exprimer de manière radicale et sans autorisation dans des lieux symboliques. Cela a permis également la jonction avec d’autres méthodologies d’action, telles que les Blacks blocs, les occupations et blocages. Toute cette ingénierie politique et militante est devenue accessible à une partie importante de la population française, notamment au sein des classes moyennes et des classes populaires. C’est une réussite extraordinaire. Cette réussite nous a permis de mettre à l’épreuve les dispositifs de répression policières qui ne peuvent plus agir dans l’ombre ! Ils sont à découverts, contrairement à précédemment où ils sévissaient de la manière la plus inique contres nos frères de banlieues ou résistants de multiples ZAD. Voilà l’apport des gilets jaunes : l’intensification des moyens de résistance, la constitution de nombreux mouvements de résistance.
Néanmoins, les résistants ne sont pas la « Résistance ». Nous sommes en 1942. Tous ces groupes, doivent désormais être unis.
Il nous faut construire un pôle solide, idéologiquement clair, structurellement solide, et intellectuellement incorruptible. Voilà la mission qui nous incombe désormais. Donner une fin à tous ces moyens. La Résistance est là, elle s’éveille et en la construisant nous aiguiserons un peu plus nos outils. En les affutant, nous affirmerons encore plus notre finalité.
Construisons ce pôle, donnons-lui un but et un programme. Organisons la résistance. Passons de la révolte à la Revolution.
3 commentaires
La visibilité des Gilets Jaunes (oui je mets des majuscules) à réussi à mettre en défaut et à faire peur à l’exécutif. Aujourd’hui, on nous vend la baisse de mobilisation du mouvement. C’est FAUX.
Le mouvement se transforme en une prise de conscience plus sourde mais qui s’ancre dans les esprits et les territoires. Les manifs à venir (car il y en aura d’autres) en seront les bras armés, si je puis dire. Car on sait bien que les gentilles petites manifs autorisées et fléchées n’ont JAMAIS abouti à quoi que ce soit.
Macron est mort politiquement. Au moins ces élections l’auront désavoué aux yeux de tous. Il perd encore un peu plus de légitimité. Il ne pourra plus faire aucune réforme, et il ne tient encore en place que par les règles de la constitution de la 5ième république.
Je suis abstentionniste, motivé par mes lectures de Branco, Chouard, Bégaudeau et bien d’autres. Je ne crois pas aux extrapolations des résultats de ces élections européennes.
L’échelle de temps de Macron est de 5 ans… celles du mouvement initié par les Gilets Jaunes va bien au delà. Ce gouvernement n’existera plus dans 3 ans, mais en 2022 et encore après, les prochains devront tenir compte de cet événement historique.
Bonjour. Je ne suis pas si sûr que le mouvement des GJ soit mort! Mais je suis certain qu’il peut être le fondement d’une organisation et d’un programme pour renverser la bourgeoisie qui tient la main de Macron! Oui, il faut créer un mouvement du peuple contre la nouvelle polarisation RN -LREM et cibler les 50 pour cent d’abstentionnistes et les 80 pour cent d’exprimes qui n’ont vote ni pour RN ni pour LREM! C’est à dire toutes les classes populaires et moyennes! Jm Toulouse( GJ).
Bon article, je me sens en phase avec ces propos.
On pourrait craindre que le mouvement soit mort, en effet. Mais il est une chose qui ne meurt pas : c’est la prise de conscience des GJ. Moi-même GJ dans le 06, j’ai pu observer avec émerveillement cette prise de conscience. Et la prise de conscience, c’est comme la pâte de dentifrice : une fois sortie du tube, impossible de l’y faire re-entrer ! Cette prise de conscience est un atout indéniable pour la poursuite de la lutte et de l’action.
Ne nous voilons pas la face : nous sommes minoritaires au sein de la population française. Mais notre rôle est justement d’essaimer pour attirer encore plus de nos concitoyens et les tirer de leur léthargie ou de leur désespoir (c’est selon). Les dormeurs doivent se réveiller. Certains l’ont fait – les GJ – c’est donc que c’est possible. L’éducation politique est un outil pour cet éveil. C’est aussi un travail de fond.
Oui, Macron et les autres (RN, FI, EELV, etc) ont un horizon à quelques années, tout au plus 5 ans. Oui, certains sont en embuscade pour nous voler notre mouvement. Mais nous avons bien plus d’années devant nous car nous voyons à bien plus long terme. A nous de relever le défi, pour qu’un débouché politique soit trouvé – et surtout qu’il soit LE NOTRE !!!