
Exigeons leur départ !
Nous sommes en guerre. Emmanuel Macron l’a dit.
En effet, et c’est une guerre à mort. Une guerre de classes.
Le coronavirus n’y est pour rien. Il n’est pas responsable de la disparition de 100 000 lits hospitaliers ces 20 dernières années. Il n’est pas responsable de la destruction généralisée des services publics, du gel du point d’indice des fonctionnaires, de la désindustrialisation plaçant la France en situation de dépendance matérielle vis-à-vis d’autres pays. Il s’agit bien d’un virus, si on veut filer la métaphore, mais ce dernier est idéologique, c’est celui du néolibéralisme.
En son nom, et au profit d’une classe sociale stato-financière, tout l’édifice social voit son niveau de vie s’effondrer. Les hôpitaux, les écoles, les gares, les bureaux de postes, les administrations ferment, fusionnent et se regroupent dans les plus grandes villes par économie de moyens. Les distances s’allongent pour tous ceux qui n’ont pas les ressources, où le niveau de diplôme requis pour occuper un emploi dans les grandes métropoles. Pour ceux qui le peuvent, ils s’entasseront dans des logements minuscules pour des loyers exorbitants. Le rythme infernal de l’existence se tord entre les transports, les horaires, les cadences, les injonctions d’où qu’elles viennent pour faire plus, plus vite, mieux. Toujours. Les salaires stagnent quand ils ne régressent pas. Les canaux de redistributions s’assèchent. Le corps social est pressé jusqu’à en tirer la dernière goutte, dans un contexte austéritaire où la richesse ne ruisselle pas vers le plus grand nombre, mais se concentre entre les mains de quelques-uns.
Il faut réaliser des économies, au profit de l’Economie. Divinité anthropophage qu’il faut sans cesse nourrir davantage, à qui il faut obéir car elle doit absorber l’intégralité de nos existences. Plus rien ne doit lui échapper. L’homoeconomicus est son rejeton. Amitié, amour, solidarité, gratuité, don de soi, tout cela n’a d’utilité que si ça peut être comptabilisé, mesuré, justifié. L’Economie parle, les gouvernants imposent, les peuples s’exécutent. Elle a de multiples visages : FMI, OMC, BCE, Union européenne, ministères multiples qui tous la servent. Les hommes politiques lui vouent un culte et blâme tous ces « fainéants », tous « ceux qui ne sont rien » et qui lui résistent.
Les sacrifiés et inaudibles de la société française ne comptent pas : agriculteurs broyés par la PAC, personnel soignant méprisé et soumis au management, enseignants gelés dans leur point d’indice, chauffeurs de taxi concurrencés par l’uberisation du monde, artisans et commerçants surtaxés face à un CAC40 optimisé fiscalement, retraités siphonnés, cadres en voie de déclassement aux fonctions improductives, etc. Tout le monde passe dans la machine capitaliste. Tout le monde est broyé par elle. En son nom, à son profit. Tout le monde ou presque. Reste cette extrême minorité qui s’enrichit grassement de la sueur et de la souffrance de tous. Elle commande ou se fait commander. Elle représente à peine 500 familles en France mais concentre près de 45 % de la richesse nationale entre ses mains. Elle se nomme Arnaud, Wertheimer, Bettencourt, Hermès, Mulliez, Pinault, Dassault, Castel, Drahi, Niel…
Cette caste mondialisée, sorte d’aristocratie new age, vit hors temps et hors lieu. Sa géographie et son calendrier son unique. Elle n’a plus rien de commun avec le peuple au sein duquel elle vit, quand elle ne l’a pas tout simplement quitté pour une autre métropole. Le mode de vie de la haute bourgeoisie parisienne est beaucoup plus proche de celui de la haute bourgeoisie new-yorkaise, que de celui de Rouennais ou Rémois qui vivent pourtant qu’à quelques dizaines de kilomètres d’elle. Le temps n’a pas de prise sur elle car sa fortune est telle qu’elle roule sur les mandats, les partis et les époques. Elle s’impose et en impose. Oh, l’aristocratie peut connaître quelques revers, comme lors de la crise des subprimes de 2008, mais elle sait actionner les bons leviers pour se renflouer. Ses pertes sont socialisées quand ses bénéfices sont systématiquement privatisés. L’Etat paye et fait payer, la haute bourgeoisie s’approprie.
Et tous, nous en pâtissons. L’Etat, machine léviathanesque, est mis à son service. La suppression de l’ISF, le CICE, la flat-tax, la réforme du travail, des retraites, du chômage, autant de mesures concourant à son enrichissement.
Qu’importe les morts, qu’importent les familles brisées par la dépression, le chômage, la maladie qu’impose une existence au rabais. Seuls comptent les profits réalisés.
Qu’importe les écosystèmes détruits, les sols pollués, les espèces végétales et animales détruites ou en voie d’extinction. Seuls comptent les profits réalisés.
Qu’importe les manifestations multiples qui essaiment sur la planète comme autant de tentatives de recouvrir sa dignité et plus de justice sociale. Partout frappe la matraque, assistée par une Justice aux ordres, avec une égale fureur. Seuls comptent les profits réalisés.
La France et le monde se meurent d’un mode de production délirant faisant passer leurs profits avant nos vies.
Nous sommes en guerre. Emmanuel Macron l’a dit.
Une guerre à mort. Leur irresponsabilité, leur inconséquence, leur inconscience éclate au grand jour à la faveur de la crise sanitaire provoquée par le coronavirus, mais combien étaient ceux qui la dénonçait déjà auparavant ? En 2008, alors que leur monde manquait de s’effondrer, nous leur avons laisser les leviers de commande. Par effet de sidération, par peur, nous n’avons pas su nous réapproprier les moyens de contrôle et de décision. Des moyens démocratiques et justes.
La crise actuelle, dans toutes ses composantes : sociale, économique, sanitaire, religieuse, nous rappelle combien nous sommes et nous devons être un peuple unit par une même communauté de destins. Un peuple partageant, dans toute sa diversité et dans toute ses expressions, le même amour d’un pays qui, s’il n’est pas parfait, est le nôtre. C’est en tant que Français, dignes héritiers de ceux qui surent abattre une aristocratie parasite et bouffie d’arrogance en 1789, que nous appelons à bâtir un monde nouveau qui ne laissera plus les leviers politiques entre les mains de quelques-uns. Nous sommes une nation, nous sommes un peuple, nous devons redevenir une force historique conscience d’elle-même et agissante.
Ils sont les responsables de cette crise. Ils sont les responsables de tous ces morts, de toutes ces souffrances. Nous n’oublierons pas. Nous ne pardonnons pas.
Ils ont construit un monde sans nous, nous devons exiger leur départ.
Exigeons la dissolution de l’Assemblée nationale, la démission du gouvernement, et la convocation d’une Assemblée constituante démocratiquement élue. En 1788, Louis XVI convoquait les Etats-généraux pour sauver le pays. Jupiter n’a plus le choix. Dorénavant nous serons ingouvernables. Nous exigeons de nous gouverner, car la démocratie n’est pas et ne doit pas être autre chose que le pouvoir du peuple, pour le peuple, et par le peuple.
Démission. Dissolution. Convocation des Etats-Généraux. Voilà notre mot d’ordre, voilà notre ordre de bataille. Voilà la guerre que nous devons mener. Voilà la guerre que nous allons remporter.
N.