
Du constat amer… aux Jours heureux
Il devient, à mesure que les semaines de lutte s’écoulent, de plus en plus difficile de ne pas effectuer ce constat : le mouvement gilets jaunes, formidable de spontanéité et d’horizontalité, est en train de se fissurer. Ces craquelures ne sont pas le résultat d’un « essoufflement » comme aiment à le répéter politiciens et journalistes, si tant est que la différence entre les uns et les autres ait encore du sens ; ces fissures sont le résultat inéluctable de tout soulèvement populaire désorganisé qui s’inscrit dans le temps.
La force enivrante de la spontanéité des premières semaines a attiré à elle de multiples personnes, de multiples volontés individuelles, désorganisées, pour la plus grande part. Mais, à mesure que le temps passe, que les sessions de résistance se répètent et se « routinisent », ceux qui n’attendaient rien, ne demandaient rien, mais se soulevaient comme une injustice sociale insupportable, attendent, et demandent. Pour ce qui est des revendications externes au mouvement, et à destination de ceux d’en haut, l’union est encore presque totale. En revanche, pour ce qui est des revendications internes au mouvement, les forces contraires s’affrontent. Entre partisans de la structuration, adeptes de l’horizontalité jusqu’auboutisme, sympathisants lointains, adhérents de l’institutionnalisation, etc., le mouvement se scinde. Il se scinde en de multiples agglomérats facebookiens aux allures parfois de secte : Drouetistes, Gilets Jaunes le Mouvement, Haykistes, Flyrideristes, etc. Toutes les têtes du mouvement drainent autour d’elles une foule de fans, plus ou moins conscientisés, plus ou moins politisés, et qui s’en remettent à la parole providentielle du Gourou.
Or, il n’y a pas, chez nombre de ceux que l’on appelle « les médiatiques », nécessairement la volonté narcissique d’accumulation de « vues », « amis », « likes ». Mais, et c’est toute la perversité des réseaux sociaux, leur fonctionnement pousse inéluctablement à ce phénomène. On se grise d’être visionné, pour un simple live fait chez soi, par des milliers d’individus atomisés qui s’empressent de commenter combien vous êtes génial, et qui partagent massivement, renforçant de ce fait la starisation. Il faut alors, pour exister, pour continuer d’être vu, entendu, aimé, multiplier les publications.
Si les réseaux sociaux permettent une circulation massive, imprévisible – quoi que de plus en plus contrôlée et encadrée par le pouvoir –, de l’information, ils piègent leurs utilisateurs dans une posture passive et consommatoire qui, à terme, n’est pas si différente de la télévision.
Le mouvement, et le projet qu’il porte en lui, en pâtit terriblement. Ce projet, c’est l’unique préoccupation qui devrait animer tous ceux qui revendiquent une place, qui revendiquent un statut, et qui cherchent à orienter ce soulèvement populaire. Ce projet, c’est ce qu’il faut établir, définir, et construire pour que cette révolte n’en reste pas là, et devienne une révolution.
Cette lutte ne doit pas devenir vaine ; elle doit muter en un projet politique établissant des directions vers lesquelles chaque gilet jaune, chaque groupe, chaque sympathisant, doit tendre par adhésion. Si nous ne nous rassemblons pas pour organiser la résistance et la rendre efficiente, alors, les Gilets jaunes n’auront été qu’une jacquerie ayant eu un retentissement international, mais n’ayant fait qu’ébranler les murs du pouvoir, sans n’en abattre aucun.
François Boulo, Eric Drouet, Priscillia Ludosky, Maxime Nicolle, Jérome Rodrigues et tous les hommes et femmes de bonne volonté,
Nous, membres du Mouvement du 17 novembre, en appelons à une paix des braves, à une union de toutes les résistances, d’où qu’elles viennent, afin de construire un nouveau Conseil National de la Résistance dont le projet sera d’établir, collégialement, un ensemble de mesures à appliquer immédiatement et une fois les leviers du pouvoir entre nos mains.
N.
2 commentaires
Bonjour,
je n’ai rien contre M. Nicolle, E.Drouet ou Prescillia mais je trouve également que le mouvement est trop morcelé. Ce qui fait notre force c’est l’unité. Sur Facebook, il y a TROP DE GROUPES. Je partage votre avis sur les mesures à appliquer et j’aime bien le CNR qui sonne bien et qui tout à fait approprié.
Cela dit, il faut créer une résistance en dehors de Facebook où l’on est trop exposé à la censure, aux hackers, aux infiltrés, etc. Conserver Facebook comme base et créer un blog par exemple. Qu’en dites-vous?
Fraternellement, Ana.
Bonjour,
En effet, nous nous considérons que Facebook est un leurre et un piège si l’on croit pouvoir organiser une quelconque résistance par ce biais. Nous privilégions notre site afin de faire circuler nos idées, et nous construirons ensuite une plateforme d’échange qui permettra d’échanger directement à partir du site.
Ce pourquoi nous avons besoin que toutes les personnes qui nous partagent nos idées et qui nous soutiennent, fassent connaître le M17 autour d’eux.
Bien à vous,
M17
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