
Assange. “Liberté, Egalité, Fraternité” : où est la France…
« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, 26 août 1789.
Le 11 avril 2019, Julian Assange est arrêté à l’ambassade d’Équateur de Londres en contradiction totale avec le Droit international. Le 23 mai, les États-Unis l’accusent de 17 chefs d’inculpation en vertu de l’Espionage Act. Face à ce scandale, le mutisme de la France.
C’est une honte, collective et internationale. Indéniablement. Mais c’est aussi une atteinte à l’histoire que la France et son gouvernement ne se soient pas dressés pour réclamer sa libération. Ça n’est, évidemment pas une surprise quand on sait à quel point les élites françaises sont inféodées à la puissance états-unienne. Craintives et dociles. Fortes avec les faibles, faibles avec les forts.
C’est une honte, professionnelle et morale, que l’attitude des médias français. Alors qu’ils devraient être unanimes derrière Assange, comme ils surent le faire derrière Macron durant les élections présidentielles, les voilà muets. Sans morale, ni déontologie.
« Le ministère de la justice américain vient de déclarer la guerre – non pas à WikiLeaks, mais au journalisme lui-même. Julian Assange n’est plus le cœur du problème. Ce procès va décider du futur des médias ». twitta Edward Snowden le 23 mai. Edward Snowden se trompe, il ne s’agit pas de déclarer la guerre aux médias, ou à un homme ; il s’agit de déclarer la guerre à tout ce qui peut fissurer la fabrique du consentement. A l’heure de la remise en cause de l’hégémonie politique des élites capitalistes, tout ce qui peut accentuer la brèche qui se fait jour dans la prison qu’ils ont bâti pour nous, doit être éradiqué. La parole doit être contrôlée. Elle doit rester un outil de légitimation des rapports de domination. Produire du sens et de la légitimité à un monde qui n’en a aucun et dont une partie de sa population commence à entrouvrir les yeux. Assange est une partie de cette brèche. Avec Wikileaks, il a permis à des millions de citoyens de voir de l’autre côté du mur ; de prendre conscience même de son existence et de l’impérative nécessité de l’abattre. Pour cela, il est et sera châtié. Et c’est, en soi, tout à fait compréhensible si l’on se place du côté des gardiens de cette prison. Leur fonction objective est de nous maintenir prisonniers, avec le sentiment d’être libres. Ils tiennent leur rôle.
En revanche, que ceux qui prétendent à la liberté, et à la fonction d’éclaireurs et d’objecteurs de conscience – à savoir tous ces médias et hommes politiques –, qui tiennent le silence, ou ne protestent qu’à demi-mots, méritent d’endosser l’uniforme de gardiens et d’abandonner celui de prisonniers « éclairés ». Ils ne méritent pas de revendiquer notre sort. Ils en sont les responsables. Ils en sont les coupables. Médias, politiciens, intellectuels, tous ceux qui n’ont pas pris fait et cause pour Assange, et plus généralement pour toute cette humanité écrasée et déshumanisée par la prison capitaliste : honte à vous ! La tempête qui vient vous emportera. Votre lâcheté ne vous sauvera pas et ce système que vous tentez à toute peine de maintenir vous avalera et vous condamnera un jour pour le simple fait de votre existence. Parce que, nous le disons : Assange, les Gilets jaunes, et tous les mouvements en lutte contre le système capitaliste de part le monde seront bientôt confrontés à un unique choix : vivre et se soumettre, ou combattre et mourir. Il n’y aura plus d’entre-deux car les contradictions produites par le capitalisme se multiplient et se répètent à une intensité toujours plus grande ; la seule possibilité de les contenir et de maintenir ce système se fera pas la force.
Avec Assange, nous disons : prisonniers conscients, plutôt que gardiens libres.
Liberté pour Assange, dignité pour la France, soutien à tous les hommes et toutes les femmes en lutte.
N.